Les réseaux sociaux, ami ou ennemi des États ?



Publié par La Rédaction le 13 Octobre 2021

Docteur en science de gestion et chercheur pour la chaire « Normes et Risques » et pour le think tank « CapEurope », Christine Dugoin-Clément s’est penchée sur les opérations d’influences dans son ouvrage : « Influence et manipulations, Des conflits armés modernes aux guerres économiques ». Impactant le comportement des individus aussi bien civils que militaires, ces opérations représentent de réels risques pour la sécurité des Etats. Dès lors, les réseaux sociaux font leur entrée sur le front.



- La guerre informationnelle aura-t-elle un impact significatif dans les futurs conflits armés ?

Ce sera plus qu’un impact, elle va être un des points névralgiques. Quand le CEMA, le Général Burkhard, parle de « gagner la guerre avant la guerre » [http://www.opex360.com/2021/10/05/le-general-burkhard-veut-gagner-la-guerre-avant-la-guerre/ ] comme stratégie française il fait notamment référence à ce volet. Dans l’alternance des phases de « compétition/ contestation/ affrontement », la phase de compétition qui peut être renforcée et influencée par de campagnes d’influence informationnelle. C’est encore plus patent dans la phase de contestation qui utilise notamment la politique du « fait accompli ». Cette dernière s’appuie largement sur des campagnes informationnelles qui visent aussi bien les populations qui sont l’objet de ces faits accomplis, que la communauté internationale qui en est le témoin pour qu’elle reste passive. Pour « vaincre l’ennemi sans combattre » selon le précepte de Sun Tzu, une option est de le manipuler l’adversaire pour lui enlever toute volonté ou capacité de combattre efficacement. C’est là que peuvent intervenir la lutte informatique dinfluence [LII] et la « guerre des perceptions » passe forcément par un travail informationnel d’influence que ce soit dans une approche offensive ou défensive.

- Les cyberattaques informationnelles à l’encontre des militaires pourront-elles, à terme, impacter l’exécution de leurs interventions ?

C’est tout l’enjeu et il parait en tout cas indispensable de s’intéresser activement au sujet ; il est important en termes stratégiques bien sûr, mais il l’est tout autant en termes humains. Ces hommes et femmes sont prêts au sacrifice ultime pour défendre leur pays et leurs ressortissants comme nous l’avons encore vu récemment, nous ne pouvons négliger la prise en compte de cette menace sourde dont ils peuvent être les cibles.

- Alors que nous pensions qu’internet unifierait le monde, n’est-il finalement pas un symbole de l’étanchéité des frontières comme nous le constatons en Chine et en Russie ?

À l’origine, le projet était effectivement d’établir un espace libéré des pouvoirs, mais aussi de la géographie, comme l’explique Vitrilo. Mais cet espace est rapidement devenu un territoire d’enjeu et de conflictualité poussant certains États à rechercher la mise en œuvre d’un contrôle important sur leur segment de réseaux internet. Certains y arrivent avec plus de succès que d’autres, mais la recherche est effectivement là.

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